© Michel Cardin
Le Manuscrites de Londres


Solo Sonata 6 en Es Majeur
(Smith-Crawford 10)

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Tonalité intéressante que mi bémol majeur, qui convenait en principe à des sujets plutôt sérieux, ne comportait aucune exubérance et favorisait le pathétique dans l’expression. Pourtant, mise à part une sensation de couleur tonale un peu ténue, avouons que cette suite, dont nous avons ici l'unique version - sauf pour courante (Dresde) -affiche énergie, sérénité sinon bonne humeur, et même parfois luminosité.

Le prélude, selon l’habitude non mesuré, constitue à peine une entrée en matière pour établir le ton : on tourbillone quelques instants autour de l'accord de tonique, on égrène quelques arpèges puis la cadence, et hop ! Nous voilà déjà dans l’allemande, grand soliloque mi-serein, mi-désabusé. On y remarque l'utilisation d'unissons similaires à ceux de l’allemande de la suite n°4.

La courante qui suit enchaîne sans de grandes phrases allègres, aux mélodies agiles. A peine  soufflons-nous le temps d’une courte pause avant la conclusion de chaque section.

La bourrée est encore plus alerte et sa course brillante nous amène d’une seule traite à la note finale.

La sarabande reste dans le ton principal, et non dans le ton relatif mineur, comme souvent.  Son thème de départ se confond avec celui de la chaconne qui suivra trois pages Plus loin. Nous faisons dans cette sarabande abondamment usage de variations dynamiques dans les reprises des deux sections. Peu après le début de la deuxième se révèlent une telle suavité, une telle rêverie dans la mélodie que nous avons agrémenté spontanément une mesure en faisant chevaucher son harmonie sur la mesure suivante. Mais puisque celle-ci étire un accord sur ses trois temps, nous la rattrapons tout entière sur le troisième temps seul, en notes rapides :

Le menuet nous donne pour sa part envie de l'intituler "Le hoquet".  Comme les autres menuets il a toutefois beaucoup de grâce. Ce sont les liaisons savamment placées, en conjonction avec la réverbération inattendue de certaines notes lors des changements de cordes, qui nous suggèrent un phrasé ainsi découpé.  De plus, en mettant en valeur les ornements et leurs variantes possibles, nous obtenons des clins d'śil subtils d'une phrase à l'autre. Voilà encore un bel exemple d'une pièce de luth qui paraît monotone sur partition, mais qui dévoile toute sa richesse dès que révélée par l'instrument.  La chaconne remplace ici la gigue habituelle comme mouvement final. Le thème initial, six variations et une conclusion la composent.  Elle est sobre, équilibrée et montre le souci de faire chanter les lignes à tout moment.
 



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